Signé Poète X.

Titre original : The Poet X.
Autrice : Elisabeth Acevedo
Traductrice : Clémentine Beauvais
Editions : Nathan
Sortie : 2019

« Ma peau craquelle,

je me morcelle,

je veux sortir de là.

Mon corps pourtant

Si large et grand

est trop petit pour moi.

Je voudrais tant

briser en mille

fragments ma carapace. »

Ce roman nous plonge dans les pensées-poèmes de Xiomara, 15 ans vivant à Harlem. Son esprit est à l’étroit dans ce corps pourtant trop grand qui fait l’objet de regards insistants  et commentaires déplacés. Dans ces cas, elle use de ses poings, y compris quand il s’agit de défendre son frère jumeau, quoiqu’il cache.

A travers une prose qui se déclame comme un slam, on vit les émotions ressenties par Xiomara au fil des relations qu’elle tisse avec son entourage. Sa meilleure amie très respectueuse de la religion fait écho à sa mère pour qui l’église est un credo. Mais Xiomara ne veut pas de cette croix à porter qui lui interdit d’embrasser celui qu’elle aime.

Alors que sa professeure la pousse à participer au Club de Slam du lycée, Xiomara écrit et questionne les brimades qu’elle reçoit de sa mère, la culpabilité qu’on lui fait porter ainsi qu’aux femmes quand on pardonne aux hommes, la religion et ses préceptes.

« Je ne sais pas si c’est une prière,

mais en tout cas j’espère

que c’est dans mes sentiments que je me noierai

plutôt que dans l’eau du bénitier. »

Entre la plume d’Elisabeth Avecedo, lauréate des National Book award 2018, Carnegie Medal 2019 et Prints award 2019, et la traduction de Clémentine Beauvais, respectueuse du texte original et créative d’un point de vue stylistique, le lectorat est absorbé par ce texte, la rythmique s’installe dans notre esprit et ne nous quitte plus. Les mots sont justes, ils sonnent juste, sans lourdeur, et même avec une certaine légèreté.

La prose choisie traduit les sentiments et émotions qui assaillent Xiomara et nous les transmet. L’identification au personnage semble incontournable : la colère nous envahit quand elle la submerge et l’amour aussi.

Ce roman, comme l’a dit Philippe Meirieu d’un texte littéraire, nous donne du courage !

Mots-clés : Littérature, poésie, Etats-Unis, religion, slam, adolescence 

Sophie Buquet, Février 2020

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