Résumé : Même avec ses joues sales et ses vêtements déguenillés, Poma est remarquable de beauté. Si belle que les soldats de l’empire inca l’ont vite repérée. Ils l’ont emmenée de force à l’alcclahuasi où d’autres adolescentes, arrachées à leur famille, vivent recluses. Poma, la sauvageonne, la fille du puma, est désormais une vierge du Soleil, une Élue promise aux dieux. On dit que l’empereur prépare une offrande au grand esprit de la montagne… C’est donc cela, le sort d’une Élue ? Poma s’y refuse de tout son être. Mais qui est assez fort pour s’opposer à Sapa Inca ?

Laurine Roux est une auteure de nouvelles et de poésies depuis de nombreuses années. Elle écrit des romans depuis quelques années seulement et a sorti le premier en 2018, Une immense sensation de calme, qui a obtenu le Prix SGDL Révélation 2018. Le Souffle du Puma est son premier roman jeunesse.

Le Souffle du Puma est un roman très poétique et doux malgré ce que le résumé nous laisse imaginer. 

Tout d’abord, le roman raconte deux histoires : celle de Poma, une jeune fille de l’époque des Incas, et celle de Astrid Blomberg, un médecin légiste d’aujourd’hui en Suède. Les deux histoires sont très contrastées : d’un côté Poma semble attendre un destin tragique, et de l’autre, Astrid est en quête de vérité. Pourtant, leur voyage est semblable : les deux femmes se séparent de leur mentor pour partir vers l’inconnu, avant même qu’elles ne se sentent prêtes à voler de leurs propres ailes. Ce voyage va les impacter pour toujours.

Le roman se base sur des faits réels, 3 momies d’enfants parfaitement conservées ont été retrouvées en 1999 et ont depuis toujours intrigué les scientifiques sur les circonstances de leur mort. L’auteure s’appuie à plusieurs reprises sur des anecdotes réelles sur les enfants, rendant le roman encore plus intrigant. 

Dès le début, nous nous rendons bien compte que l’histoire de Poma et celle d’Astrid vont se croiser à un moment ou un autre, peu importe les décennies de différence entre leurs époques. Au fil du texte, on sent que grâce à l’archéologie, Astrid est sur les traces de Poma, au fur et à mesure qu’on alterne entre leurs deux points de vue.

Tout le long du livre, ces deux personnages font preuve d’une force et d’une intelligence énigmatiques, qui nous semblent presque magiques, concernant chacune à leur manière. Poma est une jeune fille rebelle et indépendante, et Astrid est maligne et attentive.

L’histoire de Poma permet de nous plonger dans l’époque de l’Empire inca, de ses traditions et de ses modes de vie. Le roman a alors un aspect historique très intéressant. Cette période de l’histoire en Amérique latine est assez peu explorée dans les œuvres littéraires ou cinématographiques pour la jeunesse. Alors que les chercheurs possèdent assez peu d’informations sur la civilisation inca, l’auteure parvient à créer l’ambiance idoine pour entraîner notre adhésion.

En suivant Astrid, qui vient pourtant d’Europe, le roman présente l’Amérique du Sud de nos jours, en retraçant son ambiance, quelques-unes de ses traditions et ses valeurs.

La légèreté ajoutée au roman par la présence de la médecin légiste atypique permet de marquer des pauses dans l’intrigue et de se détacher un peu de l’histoire lourde de Poma. L’histoire convient ainsi parfaitement à des lecteurs plus jeunes.

Et même si le style est très riche, surtout pour un ouvrage jeunesse, l’ensemble du texte est fluide et la lecture est facilitée par le découpage en de courtes phrases. Cet aspect est renforcé par l’utilisation de suspens en fin de phrase, qui crée un effet rafraîchissant et parfois comique ! On sent le rythme intense que l’auteure a voulu insuffler à son texte.

Ce roman convient ainsi parfaitement aux adolescents souhaitant découvrir des civilisations perdues, au travers de personnages forts.

Pour finir, voici une des plus belles citations du livre dont le caractère poétique résonne longtemps pour le lecteur :

« De ceux qu’on aime, de ceux qu’on a aimés, il reste toujours quelque chose. Une sensation sur la peau, un petit rien qui palpite. L’amour est un oiseau, aussi fragile que capable de s’élever jusqu’aux astres. De ceux qu’on aime, de ceux qu’on a aimés, demeure toujours une lumière, pareil au soleil qui persiste sous les paupières quand on ferme les yeux. »

Laurine Madi