Résumé de l’éditeur :

« C’est le début du printemps, la saison où tout recommence. En ce beau matin d’avril, la famille Falla s’apprête à quitter son appartement à Pantin, trois pièces aux fenêtres étroites au coeur des bâtiments roses de la cité…

Au terme du voyage, Marie va découvrir sa nouvelle maison, en Bretagne. Mais comment apprivoiser l’inconnu et l’immensité de l’inconnu ? 

Avec une intense poésie, un soupçon de fantastique et une grande sensibilité, Isabelle Carré signe ici son premier texte jeunesse, magnifiquement mis en images par Kasya Denisevic. »

Notre avis :

★★★★★

Il est de ces albums qui touchent le cœur. 

Il fait partie de ceux dont le texte touche autant que les illustrations, parce que les thèmes abordés reflètent leur poésie à travers la plume et le crayon. 

Plonger dans cet album, c’est découvrir la petite Marie qui vient de fêter ses 7 ans. Son histoire commence au bas des tours roses de la banlieue parisienne dans laquelle elle a toujours vécu depuis sa naissance. Son histoire commence ici, parce qu’elle s’en va. 

Sa famille déménage, direction le grand air, la mer, la Bretagne. La mère de Marie est enceinte et elle pense à la qualité de vie qu’elle souhaite offrir à ses enfants. Et puis, c’est la première fois que Marie verra la mer. 

Cet album raconte une rencontre entre une fillette et cette immensité bleue qui se meut au rythme des vagues. Il raconte la peur, l’intimidation et l’émerveillement. 

Il raconte aussi le changement de cadre et de mode de vie, les classes sociales qui déterminent souvent l’environnement dans lequel les enfants grandissent. 

Les personnages principaux de cette histoire sont logiquement Marie mais aussi sa mère et surtout la mer qui a un rôle à part entière. 

Marie est une petite fille enjouée, pleine d’imagination et de sensibilité mais aussi encline à l’inquiétude et l’appréhension. Après tout, la mer est vaste, profonde et elle risque d’engloutir sa mère qui s’y baigne avec plaisir. 

C’est elle qui emmène Marie découvrir la plage et profite pleinement de la proximité de leur nouvelle maison avec la mer.

La mer quant à elle domine le récit, nous emportant au gré de ses vagues à travers l’histoire de Marie. Elle la défie, l’intimide, l’émerveille. Elle s’invite dans son jardin, dans ses rêves. Le récit dévoile alors un aspect légèrement fantastique et assurément onirique. 

Et puis surtout la mer subjugue le lecteur de l’album par son tendre bleu qui illumine les pages. 

Car si cet album est aussi beau, c’est tout autant grâce aux illustrations et à la mise en page. 

Comme l’indique l’éditeur, cet album est conçu « avec une approche cinématographique » au travers de ces doubles pages sur lesquelles le texte noir sur fond blanc fait face à l’autre page remplie par l’illustration. Ces derniers sont comme des tableaux qui répondent aux mots poétiques de l’autrice, surmontés de titres en majuscule comme pour indiquer un nouveau chapitre et donner un intitulé aux illustrations.

Par-dessus tout, l’atout de cet album se trouve dans l’originalité qu’incarne l’arrivée progressive de la couleur.

A mesure que les illustrations dépeignent le départ de Marie de la banlieue parisienne en direction de la Bretagne et sa découverte de la mer, des pointes de jaune puis de bleu se font de plus en plus présentes. Les illustrations sont, au début, presque uniquement réalisées à l’aide de la couleur grise, à l’exception des habits de Marie d’un jaune éclatant qui mènent notre regard jusqu’à elle, seule tache de couleur dans un océan de béton. Le monde est gris autour d’elle, jusqu’à ce qu’elle pénètre dans sa nouvelle chambre et qu’elle aperçoive à travers sa fenêtre cette bande bleue qui reflète le ciel : la mer. Le bleu submerge alors les illustrations, amenant avec lui d’autres couleurs, jusqu’à ce que le monde de Marie resplendisse des couleurs de la nature et de la vie en bord de mer. 

Ce livre m’a charmée, touchée et embarquée dans un récit splendide à bien des aspects. 

L’éditeur le dit parfaitement, cet album est « une ode à la mer, à la mère, au fait de grandir en préservant l’imaginaire ». 

Jade Leroy