Parler comme tu respires

Autrice : Isabelle Pandazopoulos
Editeur : Rageot
Parution : 6 janvier 2021

Roman adolescent – Dès 13 ans – 310 pages

Tu te souviens, dans les contes, des loups à qui on fait avaler des pierres ? Eh ben nous, c’est pareil, c’est ça qu’on a dans le ventre, les pierreux, un secret ou un chagrin, un mystère en tout cas, qui pèse lourd et qu’on traîne, en même temps c’est ce truc-là qui nous définit (…) C’est pour ça qu’on se coltine la pierre, parce que ça nous résiste et que ça nous épuise… On mène une drôle de lutte, et si on reste, c’est pour savoir.” p.163

Ce nouveau roman de Isabelle Pandazopoulos (voir notre notice sur Double faute, et notre journée de formation “Plus vite, plus haut, plus fort”) raconte l’histoire de Sibylle, quinze ans, qui est bègue depuis l’école primaire. Ce handicap et son brillant travail scolaire lui valent une réputation de jeune fille taiseuse, timide, très intellectuelle. En réalité, Sibylle est fougueuse et déborde de choses à dire. Créative, elle est passionnée de musées, notamment le musée Rodin à Paris. C’est pourquoi, lorsque la cathédrale de Notre-Dame est ravagée par l’incendie, elle annonce subitement sa décision à ses parents et sa grand-mère : elle n’ira pas dans un lycée général pour faire de longues études. Elle sera tailleuse de pierre.

Ce roman nous emmène dans les coulisses du lycée Camille Claudel, dans la région du Grand Est, dans lequel l’autrice s’est rendue pour écrire ce livre. Sibylle y rejoint le petit groupe dit “des pierreux”, ces jeunes élèves spécialisé-es dans la taille de pierre, la gravure ou la sculpture. Entre un maître de stage tyrannique, une famille étouffante d’inquiétude et son premier amour, Sibylle grandit, s’endurcit, s’épanouit. Elle apprend à s’ouvrir aux autres tout en construisant son indépendance et sa personnalité d’artiste. A force de sculpter et de creuser, elle reviendra à la source de son handicap et découvrira le secret d’une tragédie familiale longtemps enfouie. Peut-être pouvons-nous considérer cette histoire comme une réécriture de Quasimodo, cet être amoureux de sa cathédrale, à la sensibilité cachée, dont le handicap serait ici invisible ?

Profond, magnifiquement écrit et à la structure narrative complexe, Parler comme tu respires s’adresse à tous les adolescent-es épris-es de liberté et de vérité. Il montre que l’on peut connaître sa voie très tôt et qu’il est possible de s’épanouir en dehors du système scolaire classique. Il aborde également les questions liées à l’émancipation vis-à-vis de la famille, au deuil, et au passage à l’âge adulte. 

Assurément un excellent roman, qui explore un corps de métier invisible, mais fondamental.

Charlotte Guillon-Legeay

Mots-clés : roman ado, deuil, famille, sculpture, Notre-Dame, tailleur de pierre, bégaiement, handicap, adolescence, amour, homosexualité, fugue, études, scolarité, orientation, arts

Sur le cursus de tailleur de pierre et le lycée Claudel : Onisep

Une très bonne critique sur le site Lirado

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