
La Lumière dans les combles est un livre de l’auteure américaine Saron Cameron paru en français chez Gallimard jeunesse en janvier 2021. Ce roman compte parmi les nombreuses fictions historiques qu’offre la maison d’édition aux jeunes de plus de treize ans afin de leur faire revivre l’histoire. Il rompt par ailleurs avec le genre des précédents livres de Sharon Cameron qui se rapprochent majoritairement de la science-fiction.
La Lumière dans les combles nous parle de courage, d’héroïsme et de résilience dans un contexte historique où la lumière a laissé place à une nuit dans laquelle règne le cauchemar du nazisme et l’horreur d’une guerre mondiale dévastatrice. C’est dans ce contexte que nous suivons l’histoire vraie de Stefania Podgórska, une adolescente catholique vivant dans la ville de Przemyśl en Pologne où elle travaille dans un magasin appartenant à la famille Diamant, une famille juive. Elle mène alors une vie paisible et agréable et espère se marier avec Izio l’un des quatre fils de la famille Diamant. Mais l’annexion de la Pologne par l’Allemagne en 1939, la mise en place de ghettos pour les juifs et les déportations en masse vont bouleverser ses projets de vie. C’est pourtant dans cette Pologne détruite par la guerre et rongée par la peur que Stefania et sa petite sœur Helena, vont choisir de cacher chez-elles treize juifs au péril de leur vie.
La narration faite par Stefania à la première personne du singulier confère au récit un aspect intimiste et nous permet ainsi de créer un lien de proximité avec la narratrice. Ce lien de proximité nous donne accès aux émotions de la protagoniste et nous invite à partager ses peurs, sa tristesse, sa joie ou encore sa colère avec elle. Le début in medias res sous forme de prolepse permet une immersion immédiate dans l’histoire et annonce d’emblée l’atmosphère pesante et tendue du roman. La tension permanente et la peur omniprésente à quasi chaque page nous tiennent en haleine du début jusqu’à la fin. Il y a très peu de moment de répit, le dramatique reprend toujours le dessus. C’est notamment le cas à la fin du chapitre quatre qui s’achève sur une scène de repas heureuse chez la famille Diamant, mais dont la dernière phrase est la suivante : « Si nous l’avion su, c’est à ce moment-là que nous aurions dû pleurer » (p.55).
Il est bien entendue impossible de parler de ce roman sans mettre en avant l’héroïsme dont Stefania et Helena ont fait preuve entre 1939 et 1944. Si dans sa note de fin d’ouvrage Sharon Cameron avoue que trois épisodes du roman ont été ré-imaginés, elle affirme toutefois que le reste des épisodes du livre est conforme à la façon dont Stefania et Joe (anciennement Max Diamant) le lui ont décrit. Cette précision n’a fait qu’accroître mon admiration pour Stefania, Helena et Max. Dans la note de l’autrice j’ai relevé la citation suivante qui définit parfaitement l’héroïsme de Stefania « Une mort contre la vie de treize juifs […] c’est un marché avantageux». Et cette mort dont elle parle, il s’agit de la sienne. Le personnage d’Helena m’a également beaucoup bluffé. J’ai été épatée par la maturité et le courage dont cette petite fille d’une dizaine d’années a fait preuve. Je repense particulièrement à une scène où elle parvient à mettre en place un stratagème à l’aide de son ballon, afin de pouvoir transmettre un message codé à Max qui se trouve dans le ghetto et tout cela à l’abri du regard de l’agent SS qui patrouille aux alentours.
En lisant ce roman je me suis rappelée de ma lecture du livre de Monica Hesse, Une fille au manteau bleu publié également chez Gallimard Jeunesse en 2019. Ce roman est une fiction qui a pour protagoniste principale Hanneke, une jeune adolescente vivant à Amsterdam sous l’occupation allemande et qui va elle aussi risquer sa vie pour partir à la recherche de Mijam Roodvelt, une jeune fille juive alors portée disparue.
La Lumière dans les combles n’est pas le premier roman qui a pour thématique la Seconde Guerre mondiale. La littérature de jeunesse regorge de nombreuses références bibliographiques ayant le même sujet. Toutefois je dois avouer que celui-ci est pour l’instant le meilleur que j’ai lu. Ce livre nous transporte et nous amène à vivre une histoire intense. Une fois le roman commencé il est très difficile d’arrêter sa lecture tellement celle-ci nous captive et nous tient en haleine jusqu’à la toute dernière page. De plus ce roman dresse un panorama psychologique des personnages très varié qui nous amène à aller au-delà d’une classification qui oppose « le monde des gentils » d’un côté au «monde des méchants » de l’autre. L’évolution psychologique de Stefania permet de rendre compte de la réalité complexe de cette époque. C’est une lecture qui m’a coupé le souffle et qui m’a laissé sans voix pendant un moment. Grâce à ce roman j’ai fait la connaissance de Stefania et Helena. Des lumières qui ont lui alors que l’Humanité était plongée dans les ténèbres.
Bien qu’inspiré de la vie de Stefania, La Lumière dans les combles ne constitue pas les mémoires de celle-ci. Il serait donc intéressant de travailler cette distinction entre histoire et fiction notamment avec des élèves de cycle 4. Le roman peut également servir de support en conformité avec le programme de français de troisième dans l’entrée « Agir sur le monde – Agir dans la cité : individu et pouvoir » afin d’étudier le regard que peut porter une œuvre sur l’histoire du siècle étudié. Il y a aussi possibilité de faire des enseignements transversaux en établissant des liens avec le thème 1 du programme d’histoire : « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales. »
Lucila MATOS