
Autrice et illustratrice : Yael Frankel
Traduction : Lise Capitan
Éditions Obriart
Parution : septembre 2021
Album – 44 pages – dès 3 ans
Yael Frankel est une autrice et illustratrice argentine qui a déjà signé un grand nombre de livres pour enfants, et dont les illustrations et l’écriture subtile ont été récompensés par de nombreux prix.
Résumé de l’éditeur :
« L’ascenseur doit descendre, mais, bizarrement, il monte. Qui l’a appelé ? Est-il cassé ? Six voisins se rencontrent dans ce qui paraît être une routine éphémère, mais qui révèle bientôt de vieilles histoires et de nouvelles amitiés. Tous les voyages nous transforment, même un voyage en ascenseur. »
Une petite narratrice se prépare à descendre de son immeuble pour aller promener son chien. Le lecteur reconnaitra tout de suite l’environnement familier de l’ascenseur, que l’album incarne par son format tout en longueur, lieu de carrefour inopiné où les quotidiens du voisinage se croisent un instant. Cependant cette fois-ci, la rencontre dure plus longtemps. Avec les va-et-vient de l’ascenseur qui récupère de nouveaux arrivants, et son arrêt soudain entre deux étages, c’est l’occasion pour les personnages d’aller au-delà de ce bref moment commun et routinier souvent négligé pour surmonter ensemble les petites frustrations de la journée et s’ouvrir à un véritable partage (de pâtisseries comme d’histoires).
Le livre dessine une belle vision de la patience et de l’échange, entre voisins, générations et amis, et met subtilement en valeur l’importance de certains petits actes du quotidien : ils émergent avec douceur comme les notes d’orange qui parsème les illustrations en noir et blanc, sur un chapeau qui va de tête en tête, une tétine perdue ou la flamme d’une bougie…
L’histoire de Miguel, le voisin « le plus âgé de l’immeuble » reflète de la délicatesse du livre et transporte ailleurs tout le petit groupe de l’ascenseur. Le lecteur peut retrouver ce joli éloge à l’amitié à la fin du livre, glissé dans une enveloppe comme s’il lui était directement adressé, et permettant ainsi une mise en abyme pleine de sensibilité qui ajoute à la profondeur de l’histoire principale et à l’originalité du texte et de sa mise en page.
Les enfants comme les grands prendront donc plaisir à découvrir toutes les petites histoires qui se tissent et se racontent dans l’ascenseur carrelé, certaines même hors du texte comme celle de Madame Paula (« celle qui a peur des chiens ») qui, au fil des illustrations, surmonte peu à peu sa peur de l’animal de compagnie de la narratrice, sans trompettes ni fanfare. Le livre pourra être lu en classe et donner lieu à nombre d’ateliers, sur le récit mais aussi notamment sur les nombres grâce au jeu du livre avec les boutons d’ascenseurs et le défilement des étages.
L’ascenseur est donc un album qui saura captiver l’attention des lecteurs avec ce petit moment de vie quotidienne dans lequel ils pourront se projeter, élevé par la douceur du, ou plutôt des récits, et l’émotion qui ressort de la rencontre entre ces personnages.
Fynn Millot