« Le temps rigole avec moi »

Compte-rendu des ateliers d’écriture de Karim Ressouni-Demigneux, auteur en résidence à l’Institut International Charles Perrault avec L’Espace Jeunesse et Famille à Eaubonne les 18 et 19 janvier 2022

Les ateliers d’écriture animés par Karim Ressouni-Demigneux, notre auteur en résidence à l’IICP, avec les enfants de l’Espace Jeunesse et Famille ont débuté ce mardi 18 janvier dans les locaux du centre socio-culturel avec un premier groupe d’enfants de CM1-CM2, et directement à l’Institut le mercredi 19 janvier pour un plus petit groupe d’entre eux de CE1-CE2.

Dès leur rencontre, le dialogue s’établit facilement entre les jeunes écrivains en herbe et Karim, qui ouvre l’atelier avec la présentation de son métier. Entourés par les livres qui remplissent les étagères des locaux de l’Institut et après avoir écouté avec beaucoup d’attention le passage de son nouveau récit en création, les petits auditeurs du mercredi s’interrogent sur ce travail et sur l’espace nouveau qui les entoure : tous les livres sur les étagères ont-ils été écrits par lui ? Et comment a-t-il écrit un livre si long qu’il ressemble à un dictionnaire ? Un extrait de son album L’Ogre suscite tout autant de curiosité et de questions enthousiastes au sein du deuxième groupe d’enfants. 

    C’est l’occasion pour Karim de parler du processus d’écriture, de la différence entre auteur et illustrateur, et de la création d’une histoire courte, défi que les enfants devront eux-mêmes relever au cours des séances d’écriture qui se profilent.  

   Ces derniers commencent par s’échauffer, ou se « dégourdir » un peu les mots en participant à des petits jeux collectifs de cadavres exquis simplifiés et de tautogrammes. Alors qu’apparaissent au tableau des « gros dinosaures musclés et bizarres », et « mythos Manons mangeuses de maman », les exercices viennent indirectement rappeler aux enfants les règles de grammaire et de syntaxe, telles que la place du sujet (difficile en effet de commencer une phrase par un adjectif ou un verbe !) ou l’importance des articles, grands oubliés, qui comptent pour un mot autant que les autres ! 

   Cet échauffement révèle ainsi les niveaux, la dynamique et les énergies spécifiques à chaque groupe. Ce premier moment de création collective sert aussi à annoncer les couleurs du processus d’écriture de l’atelier, qui aboutira au terme de ses quatre séances à la construction collective d’une histoire sur le thème du Temps, à la fois fil directeur et premier personnage du récit. 

    Les jeunes écrivains se familiarisent donc avec ce mystérieux protagoniste en déclinant d’abord tous les mots qu’il inspire. Pour le groupe du mardi, il s’agira d’énumérer méthodiquement les mots se rapportant aux différentes catégories du temps, comme ses fonctions de mesure, de météorologie ou encore de conjugaison, tandis que les participants du mercredi, presque déjà plongés dans la narration, imaginent des actions du temps, souvent à leur encontre. « Le temps joue avec moi », « le temps m’énerve », « le temps sort dans le ciel » … La mention du temps « qui mange » permet à Karim d’évoquer les mythes Grecs, et le terrible sort des fils et filles de Cronos, qui laisse bouche bée les enfants venus à l’Institut. Ils peuvent ainsi réfléchir au caractère allégorique et poétique du Temps, et à ses conséquences sur le quotidien. 

   À partir d’une première idée tirée de leur exploration du thème du temps, les groupes travaillent à des propositions de récit. Les CM1-CM2 imaginent les évènements qui pourraient avoir lieu lorsque le Temps, « gentil et qui sauve des vies », arrive dans un château du Japon. Les CE1-CE2 cherchent à compléter ou expliciter par leurs mots une phrase de départ choisie ensemble : « Le temps rigole avec moi… ». De leurs suggestions communes naissent peu à peu les enjeux de leurs récits. 

   La séance se termine par un travail donné aux enfants pour la prochaine rencontre : rêver. Rêver au temps, à ses aventures, et aux personnages de leurs histoires, afin que de belles idées puissent éclore au moment du sommeil. 

                  

Fynn Millot

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