Comme un poisson dans l’eau

Auteur : Adam Baron
Éditions : PKJ
Parution : février 2021
Roman – à partir de 8 ans

224 pages

Adam Baron est un auteur pour adultes, Comme un poisson dans l’eau est son premier ouvrage de littérature de jeunesse. Traduit de l’anglais Boy Underwater, c’est le premier titre d’une série dont les tomes 2 et 3, You won’t believe this et This wonderful thing, racontent les aventures de Cymbeline et ses amis, toujours à la poursuite de mystères à résoudre et de réponses à trouver.

Cymbeline, 8 ans, est plutôt doué en sport et particulièrement en foot, il est le troisième meilleur joueur des CE2 mais, il y a un domaine dont il ignore tout : la natation. Il n’a jamais mis les pieds dans l’eau et ne sait pas nager. Quand il apprend que sa classe va prendre des leçons, il est beaucoup trop honteux et plutôt que d’avouer, il préfère mentir et accepte de relever un défi aussi inconscient que dangereux. C’est alors le début d’un enchaînement de catastrophes pour Cymbeline et son entourage : il est d’abord humilié par son échec ; puis sa mère pique une énorme crise en apprenant ce qu’il s’est passé, l’incident la plonge dans une grande dépression et elle est admise dans un hôpital psychiatrique ; Cymbeline, à qui son meilleur ami ne parle plus, est alors contraint de vivre chez sa tante qui montre une certaine froideur. La situation ne fait qu’empirer et Cymbeline comment à se poser des questions sur sa mère, sur la tristesse qui l’habite, sur ce père qu’il n’a jamais connu et dont il porte le deuil… accompagné par ses amis, il se lance dans une enquête qui va l’amener à la découverte d’un grand secret de famille.

Le roman se lit très facilement, le style d’écriture est léger, l’histoire est raconté par Cymbeline, avec ses propres mots, des mots d’enfant, dans un langage très oral qui dynamise le récit et plutôt amical, ce qui permettra au lecteur de se plonger plus facilement dans la lecture et d’entrer en empathie avec le héros, qui l’interpelle très souvent. La mise en forme du texte traduit cet enthousiasme très présent chez le personnage avec de nombreux mots écrits en majuscules pour appuyer certains propos importants et des onomatopées calligraphiées qui prennent vie dans l’espace de la page. On s’attache rapidement à lui et on s’amuse de sa manière de s’exprimer qui montre la naïveté, l’insouciance et l’ignorance liées à l’enfance, comme sa difficulté à prononcer des mots compliqués, une tendance à confondre certains mots ou en inventer d’autres, une capacité à s’extasier de tout et surtout des petits riens que les adultes ne remarquent même plus.

L’auteur aborde à travers lui de nombreuses problématiques liées à l’enfance, comme les petits tracas du quotidien d’écolier qui résonneront chez les jeunes lecteurs : l’école, l’amour, la frime devant les copains, les premières fois, l’amitié, les disputes, la tolérance, mais aussi des sujets plus complexes et difficiles qui sont la partie plus noire du roman : le deuil à travers la disparition du père de Cymbeline ; le divorce, la séparation et les familles recomposées, avec la cas de son ami Lance, dont les parents sont remariés et qui est pris entre deux feux avec son « père-père » d’une part et son « nouveau-père » d’autre part ; les difficultés psychologiques avec, notamment, la maladie mentale de la mère de Cymbeline qui passe un certain temps en hôpital psychiatrique et les bienfaits de l’art-thérapie par le biais de séances auxquelles Cymbeline va participer pour tenter d’exprimer, comprendre ses sentiments et dépasser le choc du secret qu’on lui révèle.

Cependant, le roman traîne parfois un peu en longueur. L’intrigue met du temps à s’installer, on ne comprend pas tout de suite où l’auteur veut en venir et ce n’est qu’à la moitié du récit que se pose le vrai problème et que Cymbeline commence son enquête. L’histoire prend parfois des tournures un peu trop loufoques, amusantes mais qui s’éloignent un peu de l’atmosphère réaliste dans laquelle évoluent les personnages et que l’enfant peut avoir du mal à appréhender. Enfin, les amis de Cymbeline forment un bande d’enfants dont les histoires personnelles sont très intéressantes car abordent différentes configurations mais assez peu exploitées dans ce premier, d’où l’intérêt de traduire les tomes qui suivent, dans lesquels l’auteur se focalise sur les autres enfants.

La lecture du roman est plaisante et accessible pour des lecteurs de 8 ans confirmés ou au moins 9 ans, qui sauront saisir les problématiques abordées et les réflexions menées sur les relations sociales et familiales.

Thèmes explorés : deuil, disparition, familles recomposées, amitié, rivalités, enquête

Sarah KAOU

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