
Auteur : Cédric Philippe
Editions : MeMo
Parution : 2020
Roman – à partir de 12 ans
192 pages
Résumé de l’éditeur : « Ne vous arrive-t-il jamais, en grattant un ticket de loterie ou en piochant une carte sur la pile, d’être convaincu de gagner ? De sentir le roi au sommet du paquet, de jurer que le chiffre gratté avec la petite cuillère va remporter un lot ? À cet instant, un feu rayonne en vous, une confiance : vous tenez mille paillettes de chance au bout des doigts. Mais qui allume ce feu, qui sème ces paillettes ?
L’histoire commence par une fête, la nuit, sous les arbres du tortueux jardin des Tussilade. Agathe s’amuse sous les lampions. Elle apprend par les bribes d’une conversation que son oncle Yvon, qui compte pour elle plus que tout, est malade. « Une chance sur un million qu’il survive, » aurait dit le médecin. Terrassée, Agathe se réfugie dans une alcôve secrète du jardin. Passés la panique et le chagrin, elle décide de trouver cette chance unique et de la maîtriser pour sauver son oncle. Cette histoire raconte sa quête, à travers les événements de la vie, ses mondes imaginaires et les rencontres qu’elle vit dans ses rêves. »
Cédric Philippe est un tout jeune auteur-illustrateur qui a illustré son premier roman pour les jeunes lecteurs chez Mémo : La petite épopée des pions à consulter ici.
La chance, que signifie-t-elle vraiment ? D’où vient-elle ? Qui décide de nous l’octroyer ? Quelle forme prend-elle ? Tant de questions que le roman va poser et auxquelles il va tenter de répondre de bien des manières surprenantes. C’est aussi ce après quoi Agathe va se lancer en partant à la chasse aux trèfles, accompagnée de sa petite sœur, Anémone. Le but de cette quête : sauver son oncle, Yvon, de la maladie qui le condamne. Et quel meilleur endroit que le jardin luxuriant de la maison familiale pour se lancer dans l’aventure, un univers qui vient envelopper les petites filles, nourrir leur imaginaire et l’espoir fou d’Agathe.
Ce roman est un objet insolite, d’une grande étrangeté tant par sa forme, avec une illustration de couverture qui semble déborder sur la tranche verte, que par son contenu, un merveilleux conte pour enfant, un concentré de non-sens, au croisement d’Alice au Pays des Merveilles et du Petit Prince. On les retrouve avec un plaisir non caché dans le récit, à travers la mise en place de dialogues souvent drôles, touchants, frôlant parfois l’absurde dans les réflexions pittoresques qui sont menées sur la chance, le hasard, les forces qui nous dominent. Nous faisons la connaissance de personnages tous plus farfelus les uns que les autres : un poisson volant qui semble avoir réponse à tout, un renard et un canard qui nous baladent et nous déroutent, un chat qui théorise avec le plus grand sérieux, une fleur un peu trop prétentieuse qui nous en rappelle une autre…
Il y a tant de profusion que l’esprit et l’œil du lecteur doivent s’aiguiser et observer avec attention, chercher dans les nombreux détails du texte et de l’illustration des surprises, des indices et des signes. Il participe à une aventure à la limite de la réalité, dans laquelle Agathe voyage entre rêves et jeux d’enfants.
Les illustrations en noir et blanc font partie intégrante de l’histoire : elles participent à la narration, les personnages illustrés peuvent directement s’exprimer dans des bulles. Nous les découvrons tour à tour et nous marchons à leur suite, en suivant Agathe et Anémone. Nous pénétrons dans le merveilleux jardin et nous nous y promenons comme bon nous semble à travers une série de doubles pages illustrées, parsemées dans le récit. C’est une invitation à nous extraire du fil narratif pour suivre un autre chemin tracé par nous même, lecteur. Nous sortons des sentiers battus et pénétrons dans un univers propre à l’enfance. C’est comme participer à une partie de cache-cache et découvrir, au détour du chemin, la vision enchanteresse qui nous est offerte par le regard si particulier, si curieux de tout des jeunes enfants. Le jardin est entouré de mystère, recelant de multiples trésors et où tout prend vie, du plus vieil arbre à la plus petite fleur. La chance est partout, matérialisée sous la forme de trèfles, de petits dés sur pattes ou encore d’un fer à cheval et de pattes de lapin.
Les fleurs sucrées des trèfles, c’est une histoire pleine de vie malgré un sujet grave, pleine du bruit de la nature ; des fêtes dans le jardin ; des rires d’enfants ; du parfums des bons petits plats ; de celui des fleurs ; de la terre après la pluie ; c’est la sensation de la neige qui fond sur les doigts et du soleil au retour du printemps. Une promenade des plus dépaysante dans un univers qui ne nous laisse pas indifférent.
Sarah KAOU
L’incroyable site de l’artiste à explorer de toute urgence par ici.
Une vidéo de présentation est disponible sur le site de l’éditeur.
Rencontre avec Cédric Philippe ici.
Une réflexion sur “Les fleurs sucrées des trèfles”