Ku Klux Klan – Des ombres dans la nuit

Fiction historique

Auteur : Roger Martin

Éditeur : Oskar Éditeur

Collection : Histoire et Société

Parution : novembre 2020

A partir de 9 ans

Résumé de l’éditeur :

« Mississippi, 1953. Billy Caldwell vit seul avec son père, l’éditeur-imprimeur du journal Le Clairon. Une vie simple et heureuse. Jusqu’au jour où le mari de leur femme de ménage, un métayer noir, est sauvagement torturé par des membres du Ku Klux Klan ? Jusqu’au jour où Billy découvre le sort injuste réservé aux Noirs et la violence qui s’acharne contre eux… Jusqu’au jour où Billy et son père décident de se révolter contre cette barbarie, au péril de leur propre vie.

Le récit de Billy nous plonge au cœur d’une période tragique de l’histoire des États Unis, marquée par la violence raciste d’une société secrète terrifiante, le Ku Klux Klan. »

Fidèle à sa politique éditoriale et à cette collection qui propose des romans à contenu « éducatif » sur des sujets se prêtant à la discussion et à la réflexion, Oskar Éditeur fait à nouveau appel, pour cette fiction historique, à Roger Martin, auteur de nombreux ouvrages dont des récits pour la jeunesse, passionné par l’histoire des États-Unis et spécialiste du Ku Klux Klan en France. C’est un atout indéniable pour Ku Klux Klan – Des ombres dans la nuit, tant les apports littéraires et culturels sont nombreux dans ce court récit.

Celui-ci fait environ soixante-dix pages, il est composé de deux chapitres uniquement. Le premier est très bref (à peine dix pages), il introduit la fiction dans une période récente, grâce au petit- fils du personnage principal, et à un événement déclencheur : la cérémonie d’une remise de récompense à la Maison Blanche. Cet enfant de dix ans est le narrateur témoin du roman, à l’écoute du récit de son grand-père.

Le deuxième chapitre, très long, correspond au récit de témoignage central inspiré de faits réels. La mise en abyme de ce texte dans la narration à la première personne apporte beaucoup à l’ouvrage car il permet d’aborder la transmission par les différentes générations (en l’occurrence, trois générations dans le roman) et facilite, par cette mise à distance, l’empathie pour les personnages et la lecture de faits violents. Cette violence incontournable liée au sujet du livre est présente dès le début du chapitre deux jusqu’à la fin du roman mais jalonnée de moments plus légers et plus sensibles, le tout produisant un effet très équilibré d’émotion, de colère, de découverte…et de réflexion pour le jeune lecteur.

Un autre atout de ce roman est son atmosphère résolument américaine qui peut être à la fois familière et étrangère au jeune lecteur. L’auteur distille habilement de nombreuses références à la culture américaine, actuelle et passée, ainsi que des références littéraires et artistiques, offrant ainsi, sans lourdeur, un récit riche et édifiant.

On peut noter la densité du texte peu aéré avec de longs paragraphes, qui peut rebuter un jeune lecteur peu confirmé. Le style syntaxique et lexical est, quant à lui, élaboré mais clair; il montre une maîtrise certaine, de la part de l’auteur, des procédés et caractéristiques propres à la littérature de jeunesse (énoncés courts  et style discursif prédominant par exemple).

Le récit est complété par un dossier documentaire en fin d’ouvrage qui répond à une dizaine de questions, judicieusement introduit sous la forme d’un interview de l’auteur lui-même, ainsi qu’une filmographie, une discographie et une bibliographie française adaptés à un jeune public. Plusieurs textes (poèmes, chansons…) emblématiques de la lutte contre les discriminations en Amérique sont enfin proposés, traduits en français.

Un ouvrage intelligent, concis mais dense, qui devrait convenir à de bons lecteurs et qui répond bien aux enjeux éducatifs et littéraires de la collection. 

Bénédicte Charlier

Mots-clés : Roman historique – Etats-Unis – Discrimination – Racisme – Violence

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