
Autrice : Céline Le Gallo
Illustratrice : Gaëlle Duhazé
Éditeur : Oskar Jeunesse Éditeur
Série : « Au secours… »
Collection : Premiers Romans
Parution : octobre 2020 Roman – 53 pages – A partir de 8 ans
La collection « Premiers Romans » est composée de romans écrits pour satisfaire et stimuler le goût de la lecture des jeunes à partir de 8 ans. L’autrice Céline Le Gallo, documentaliste de formation, a été publiée par Oskar Éditions pour son premier roman jeunesse Le trésor de l’abbaye en 2014, roman policier dont la qualité d’écriture a séduit Françoise Hessel, directrice éditoriale.
Pour mieux découvrir l’autrice : http://celine-legallo.blogspot.com/p/mon-site.html
Céline Le Gallo a, depuis, écrit plusieurs romans jeunesse pour cette maison d’édition. Au secours, mon voisin est un vampire ! est le troisième de la série qui semble beaucoup plaire aux jeunes lecteurs (déjà parus Au secours, ma grand-mère est une sorcière ! en 2018 et Au secours, colo d’enfer ! en 2019). Le roman met en scène un jeune garçon, Clément, qui fait une chute en rollers, suite à un pari stupide avec son meilleur ami Nasser et son amoureuse Aurélie. Le voilà en fauteuil roulant, cloîtré chez lui pendant des semaines, la jambe plâtrée et le bras en écharpe… Quinze jours avant son anniversaire, ce n’est vraiment pas de chance ! Comment va-t-il vaincre l’ennui de cette longue convalescence, entre la lecture du livre imposé par son professeur de français et les programmes de télévision insipides de l’après-midi ? L’emménagement d’un nouveau voisin très étrange dans la vieille demeure lugubre en face de chez lui va lui donner de quoi se distraire mais aussi se faire des frayeurs…Qui peut bien être cet homme au teint blafard et à la grande cape noire qui se fait livrer un cercueil à la tombée de la nuit ? Un vampire, à n’en pas douter. Pendant que Clément espionne et s’inquiète, ses amis le prennent pour un fou et tentent de le rassurer. A moins qu’ils aient une autre idée derrière la tête…
Un petit roman mené tambour battant, court et bien construit avec un dénouement final assez inattendu : que demander de plus pour des jeunes lecteurs ? En plus d’un petit suspense fantastique lié au thème du vampire, il y est question d’amour et d’amitié. C’est un cocktail distrayant pour un roman de premières lectures qui offre des personnages actuels et attachants ainsi que des situations proches des centres d’intérêt des lecteurs ciblés.
Clément est le narrateur de l’histoire, il s’exprime à la première personne et s’adresse souvent directement au lecteur, le rendant complice et allié. L’utilisation de l’italique est à mentionner : il permet au lecteur de repérer les passages où la pensée de Clément est exprimée, en opposition avec les passages de narration des faits ; des soliloques en somme. Cet emploi est très intéressant car il amplifie la proximité affective entre le personnage et le lecteur ; de plus, il introduit une caractéristique littéraire profitable à la formation de celui-ci. En voici l’illustration dans le passage suivant :
Je guettai un éventuel signe du nouveau venu, mais la porte d’entrée, tout comme les fenêtres du rez-de-chaussée et de l’étage, demeurèrent closes. Décidément, en voilà un qui se montre bien discret…songeais-je en moi-même. Et quelle idée d’aller se terrer dans cette sombre baraque par une si radieuse journée ? Bon, vous me direz, après tout, chacun ses goûts ! Mais tout de même… (p17)
Il est à noter également le style fluide mais élaboré de l’autrice qui utilise une syntaxe et un lexique suffisamment recherchés pour enrichir le lecteur sans toutefois le perdre. Cela donne de savoureuses phrases, souvent longues, mêlant un style oralisé courant dans la littérature de jeunesse et un style plus soutenu très appréciable pour l’édification littéraire du lecteur.
On peut aussi remarquer la prédominance du style narratif aux dépens du style discursif, ce qui est un choix assez hardi pour un roman destiné aux premières lectures. Le recours aux dialogues dans les romans jeunesse est souvent un moyen de dynamiser le récit, de le rendre plus vivant. Ici, l’intrigue qui se déroule quasiment sur un unique lieu, la maison de Clément, et sur un temps court, quinze jours, est majoritairement racontée à travers les mots et les pensées de Clément. L’histoire pourrait sembler statique et monotone, comme l’ennui d’une convalescence d’enfant dont il est question. Pourtant le récit du jeune Clément donne un effet d’actions et de mouvements, avec suspense et surprise, engendré certainement par les caractéristiques littéraires observées.
Le traitement du thème du vampire est gentillet; l’autrice utilise les stéréotypes du genre largement véhiculés dans les dessins animés et autres médiums que les enfants connaissent bien. Son personnage principal doit composer avec son imagination et avec l’implicite des situations, et par voie de conséquence son lecteur aussi.
Quelques illustrations en noir et blanc, peu nombreuses, viennent ça et là compléter le texte par des éléments graphiques pouvant éclairer l’intrigue. Elles n’envahissent donc pas le roman mais jouent discrètement leur rôle pour soutenir l’attention d’un lecteur débutant.
C’est un ouvrage, et une série, à recommander ; son panachage équilibré entre apports littéraires et proximité des topoï de l’enfance en fait un roman attrayant pour la jeunesse.
Bénédicte Charlier
Mots clés : premières lectures, voisinage, mystère, vampire, amour, amitié