Mayday, mayday !

Autrice : Cristina Spanó
Illustratrice : Cristina Spanó
Éditions : Rouergue
Parution : février 2021

Album – à partir de 6 ans

Résumé de l’éditeur :

« Bienvenue au plus profond de l’espace, dans le futur lointain ! Le vaisseau est bien en place, chacun à l’intérieur vaque à ses occupations. Quand soudain la tour de contrôle détecte un objet spatial étranger à l’approche. « Mayday Mayday ! » le code rouge est activé, l’ennemi est aux portes et les messages de plus en plus inquiets se multiplient. Mais à l’intérieur du vaisseau c’est la totale indifférence, décontraction totale, comme le montrent toutes les caméras… Inévitablement, l’ennemi débarque arme au point et c’est la panique à bord pour une issue totalement « désarmante » qui fait image sur les malentendus ou autres idées reçues, même 5 sur 5. Sous une légèreté apparente cet album interroge sur la confusion qui peut exister entre l’étranger et l’ennemi, l’inconnu et le danger. »

On plonge, à travers cet album, dans un univers graphique propre à l’autrice, que l’on retrouve avec plaisir dans À pas de fourmi, publié chez le même éditeur. L’illustration est plaisante et a quelque chose d’enfantin qui passe notamment par un dessin fantaisiste des personnages, du vaisseau ou encore de la tour de contrôle. C’est un univers très colorée, dynamique, souvent géométrique, avec l’utilisation répétée de petits motifs. Elle nous offre ici un jeu sur les points de vue et de perspective du personnage du contrôleur aérien : on peut ainsi voir de l’extérieur, à travers les jumelles du contrôleur ou via les écrans des caméras de sécurité, qui retransmettent les images en direct. Le défilement des minutes inscrites sur chaque écran met en place une sorte de décompte inversé qui fait monter le suspens et nous place dans l’attente de la chute.

L’autrice s’amuse avec les connaissances et les croyances que l’enfant peut avoir du domaine de l’espace : elle créer des constellations insolites, une population extraterrestre, met en image l’univers avec les éléments clés qu’on y trouve, joue avec des expressions types comme « code rouge » ou « Mayday », dont on apprend, si la curiosité nous pousse à chercher le sens de ce mots, qu’il s’agit de la transcription phonétique réalisée par un anglais de la phrase : « venez m’aider », à répéter trois fois pour lancer un appel au secours depuis une radio. La manière de s’exprimer du personnage est aussi très stéréotypée, faite de répétitions et de phrases courtes.

L’intérieur du vaisseau nous est montré comme un espace protégé où il fait bon vivre, il flotte un sentiment de légèreté et d’humour dans les scènes illustrées qui s’oppose au discours affolé et alarmant du contrôleur. Son appel SOS n’est absolument pas perçu par les habitants du vaisseau, trop absorbés par leurs occupations, ou simplement indifférents parce qu’ils ne sont pas dans une posture de jugement. Le contrôleur est un veilleur qui voit, dans le vaisseau étranger, un « possible ennemi » qui, très vite, devient un « ennemi » tout court, comme pour répondre à cette phrase qui introduit l’histoire et dans laquelle on sent poindre l’ironie : « Car l’espace, on le sait, est rempli de dangers ! ». L’autrice questionne le traitement de l’étranger, de l’inconnu et la peur de la différence dans laquelle on voit une menace, toutefois, les apparences peuvent être trompeuses. En même temps, elle montre beaucoup de mixité au sein du vaisseau spatial où tout le monde semble vivre en harmonie.

La démarche est intéressante mais le message ne m’a pas paru très clair, d’où la nécessité d’accompagner l’enfant dans la lecture de cet album.

Thèmes explorés : espace, humour, différence, étranger, ennemi, inconnu, danger

Sarah KAOU

Un teaser et un extrait de l’album sont disponibles sur le site de l’éditeur.

Quelques albums qui traitent avec justesse et humour de l’autre et de la différence : 

> Homme de couleur, Jérôme Ruillier, ed. Mijade

> Tous différents, Todd Parr, ed. Bayard jeunesse

> Le mur, Giancarlo Macri, Carolina Zanotti, ed. Nuinui

> Sept milliards de visages, Peter Spier, ed. L’école des loisirs

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