Le meilleur des pères

Auteur : Benjamin Desmares

Editions du Rouergue

Collection : Epik

Parution : février 2023

Roman – 64 pages – A partir de 13 ans

Thèmes : emprise – violence familiale – adolescence

Résumé de l’éditeur : Sur le papier, c’est la famille parfaite, dans le regard des autres c’est le meilleur des pères. Mais à la maison, Constance et sa mère subissent des violences de plus en plus fortes. L’adolescente ne sait plus quoi faire : protéger la cellule familiale à tout prix ou arrêter ce calvaire une bonne fois pour toute ? Lorsque de manière inexpliquée, Constance est projetée dans le passé, à l’époque où ses parents sont tombés amoureux, une solution s’offre enfin à son dilemme. Elle va tout tenter pour briser le couple… au risque de réécrire son histoire.

Benjamin Desmares est un auteur de roman publié principalement aux éditions du Rouergue. Son roman Des poings dans le ventre publié en 2017 a été récompensé par la pépite des romans au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. C’est avec Cornichon Jim qu’il signe son premier roman pour enfants.

Ce court roman touchant et déstabilisant nous parle des violences familiales qui se produisent tout autour de nous, peuvent atteindre nos amis, nos proches, nos collègues, nos voisins… Il permet de se mettre à la place d’une victime, de comprendre son ressenti face à un quotidien horrible. 

Le meilleur des pères nous introduit dans l’histoire d’une famille de trois personnes. Nous suivons la fille, Constance, qui vit avec ses deux parents qui se sont rencontrés au lycée. Percutant et émotionnellement difficile, le premier chapitre pose directement le thème et la tonalité sérieuse et psychologique du récit. 

Ce premier chapitre sert de prélude à l’histoire : nous nous retrouvons dans la peau d’une victime anonyme de violences familiales. Ce texte rassemble donc toutes les victimes, avant de nous plonger dans la tête de Constance et de raconter jusqu’où peut mener un tel calvaire, retracé au plus près des faits et gestes. 

Dès le second chapitre, on commence à voir plus concrètement la situation de violences familiales que Constance doit affronter. L’adolescente ne semble plus vraiment vivante à l’intérieur d’elle-même. Son histoire s’éclaire peu à peu à nous : il s’avère que son père est un homme violent envers ceux qu’il aime. L’auteur nous décrit avec sensibilité l’angoisse permanente de Constance lorsqu’elle se trouve chez elle. 

Cependant, Constance ne peut s’empêcher de continuer d’aimer son père. Elle cherche à savoir et à comprendre pourquoi son père est violent, à répondre aux questions qu’elle ne cesse de se poser. Nous arrivons à un moment de son histoire où la jeune fille a bien réfléchi ; sans vraiment parvenir à une réponse logique, elle conclut que son père a toujours été violent. 

Malgré les atrocités que l’héroïne a traversées et traverse au cours du récit, ce roman ne nous plonge pas directement dans une ambiance tragique qui serait choquante pour les plus jeunes. L’auteur a brillamment réussi à aborder un thème aussi affreux en restant très accessible aux plus jeunes, en leur faisant comprendre, par les actions de l’adolescente, la gravité de sa situation. Il nous présente Constance comme un personnage fort et courageux et qui ose affronter son père.

Nous sommes tout de même témoins d’une scène sinistre, où la jeune fille est spectatrice, comme nous, des violences commises sous son toit. Tout au long du roman, Constance garde la même ténacité malgré ses tentatives d’action et ses essais ratés. L’auteur décrit ainsi les tentatives, parfois désespérées, des victimes de violence familiale qui cherchent courageusement à s’en sortir.

Bien que court, ce roman est prenant et décrit parfaitement le ressenti des victimes de violences familiales, et particulièrement le point de vue des enfants lorsque les violences se produisent plus spécifiquement entre deux conjoints.

Laurine Madi

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