Le lion endormi

Auteur : Pascale Perrier
Éditeur : Oskar
Parution : Août 2020

197 pages – Roman – Dès 11 ans

Résumé de l’éditeur :

« 1985, Colombie. Le volcan Nevado del Ruiz, surnommé le Lion endormi, menace d’entrer en éruption. Les habitants d’Armero parviendront-ils à s’enfuir à temps ? Diego et ses proches ont-ils même conscience du danger qui rôde autour d’eux ?

1998, France. Alicia, treize ans, s’interroge sur son passé. Elle sait qu’elle est d’origine colombienne. Son père adoptif, un reporter photo français envoyé pour couvrir cette catastrophe, l’a recueillie à 3 mois pour la sauver du chaos.

Mais lui a-t-on dit toute la vérité ? À quoi sa vie aurait-elle ressemblé si elle était restée en Colombie, avec les siens ? »

Pascale Perrier signe ici un roman particulièrement sensible à travers lequel elle nous raconte la terrible tragédie de l’éruption du volcan Nevado del Ruiz, qui s’est déroulée dans la nuit du 13 au 14 novembre 1985 et a fait près de 20000 victimes dans la ville d’Armero, en Colombie.

Cette histoire prend sens à travers le récit de trois personnages, trois points de vue. Il y a d’abord Alicia, sur le discours de laquelle s’ouvre le roman et qui est rongée par un sentiment viscéral de méconnaissance d’elle-même. Ensuite Diego, un jeune collégien habitant d’Armero qui, tout à ses préoccupations d’adolescent, bascule aussi soudainement que brutalement dans le cauchemar de la catastrophe. Et enfin Martin, qui nous fait part de son expérience de reporter à travers un journal de bord.

Le personnage d’Alicia est central, c’est autour d’elle que se construit le roman et de ses questionnements sur le principe de l’adoption, sur sa légitimité, sur la manière dont il vient bouleverser un destin, voire plusieurs. Adoptée alors qu’elle n’était qu’un bébé de 3 mois, aujourd’hui âgée de 13 ans, elle a toujours su et s’est toujours sentie différente des autres, victime de leurs regards, voire de leurs remarques racistes. Arrivée à l’âge de l’adolescence, elle se pose de plus en plus de questions sur ses origines colombiennes. Elle développe un mal être particulièrement fort à partir d’un mélange de culpabilité de la survivante et du fantasme d’une vie qui lui a été volée. Perdue dans sa quête d’identité, elle ne se sent appartenir à nulle part, elle développe une souffrance silencieuse qui l’isole du reste du monde et entre en conflit permanent avec son entourage qui ne sait pas comment répondre à ce comportement. Pascale Perrier aborde ici, avec beaucoup de finesse et de justesse, les difficultés de l’adolescente à se construire dans l’absence de connaissances et de réponses sur son passé.

Les points de vue de Diego et Martin nous apportent ces réponses. À travers Diego, le lecteur est pris dans l’inquiétude et la violence du déchaînement des éléments et leurs conséquences sur l’ensemble de la ville et des habitants d’Armero. Martin nous offre une vision particulière de l’événement, celle du journaliste reporter qui a fait l’état des lieux après le désastre. Il exprime son sentiment d’impuissance et d’injustice face à une situation que personne ne maîtrise, face au manque de moyens apportés par le gouvernement local. Son journal de bord est très fourni et relate de personnages et de faits réels. Il évoque notamment la disparition tragique de la jeune Omayra Sanchez, que le journaliste Franck Fournier avait photographiée quelques heures avant sa mort. Il pose ainsi une question importante, celle de la place de l’éthique dans la médiatisation d’événements graves : faut-il médiatiser l’horreur et le désespoir ? Est-ce rendre justice aux victimes ?

L’alternance du récit à la première personne avec Alicia, à la troisième personne pour Diego et la lecture des pages du journal de Martin, en italique, apporte un vrai plus dans la description des événements et la manière dont ils sont vus et vécus par chacun. Cela dynamise le récit et donne du rythme à une lecture déjà rendue haletante. L’écriture est fluide et change elle aussi selon le personnage qui s’exprime. Le lecteur se sentira proche d’Alicia et Diego qui parlent un langage jeune et très oral, ils utilisent des expressions qui lui sont familières : « un truc du genre », « à deux à l’heure »… etc. L’écriture de la souffrance d’Alicia est une écriture du spleen, poétique, qui illustre à travers des images fortes les sentiments de la jeune fille et vient habiller le récit de mélancolie.

Un récit particulièrement réaliste et d’une force vive, de part son déroulement, ses questionnements, sa fin, où la violence du désastre est dépeinte sans jamais verser dans l’excessivité du pathos et où la vie triomphe malgré tout.

Sarah KAOU

Thèmes explorés : volcan, environnement, catastrophe naturelle, adoption, identité, colombie, adolescence, deuil

Pascale Perrier a déjà publié de nombreux romans pour tous les âges et dans les différentes collections d’Oskar Editeurs : « Polar », « Histoire et Société », « Suspens », « Court métrage », « Société », « Elles ont osé ! » et d’autres encore.

Pour en savoir plus sur Pascale Perrier : https://pascaleperrier.wordpress.com/

Sa bibliographie : https://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/bibliographie/324071?page=0

À propos du roman :  https://pascaleperrier.wordpress.com/le-lion-endormi-9/

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