L’attente

Auteur : Maïa Brami
Illustratrice : Clémence Pollet
Editions : HongFei
Parution : avril 2021
Album – À partir de 4 ans

Résumé de l’éditeur : « Quand on attend, on patiente. Mais, quand le monde ne tourne pas selon son désir, sait- on accueillir l’inattendu ? »

L’attente, écrit par Maïa Brami, fille d’Elisabeth Brami, est un album du courage et du découragement, de la patience et de l’impatience, du silence et du bruit, de l’homme et de la nature.

Cet album nous surprend immédiatement par son style narratif qui imite la manière de raconter des documentaires animaliers, avec un aspect très descriptif, dans l’observation de l’explorateur qui retrouve ses instincts primaires et devient une espèce d’animal, un sujet d’étude que nous, lecteur, suivons à la trace. Il a bien sûr des attributs, des caractéristiques, des comportements spécifiques qui nous sont livrés avec humour par le texte :

« Avec son énorme sac à dos, il ressemble à un animal bizarre.

Depuis quand n’a-t-il pas vu la lumière ? (…)

Quand son ventre gargouille, il mange.

Quand sa vue se brouille, il sort sa gourde. »

L’illustratrice s’amuse ainsi à varier les prises de vue, à travers des effets de zoom, dézoom, des gros plans et des plans plus larges, l’image est en constant mouvement. On s’embarque, avec l’explorateur, dans une nature luxuriante, bruyante et ondoyante, pleine de vie sauvage, à travers de grandes illustrations foisonnantes de détails qui nous happent, avec une prédominance de nuances de verts et de grandes touches d’un orange fluo qui vient donner du relief et accentuer l’exotisme de l’aventure. 

Maïa Brami réfléchit, dans cet album, à la notion du temps qui passe, la perte de cette notion, elle joue beaucoup avec la patience du lecteur comme elle s’amuse de l’impatience de son personnage. Une monotonie des jours s’installe, pendant lesquels l’explorateur attend, jumelles en main, est l’on attend avec lui, on trépigne de découvrir ce qu’il est venu observer. Les jours passent et l’on voit l’explorateur se transformer : sa barbe pousse, ses sens se brouillent, ses vêtements sont tous tachés. Presque animal, il se fond de plus en plus dans le décor…

L’autrice aborde aussi les notions d’immobilité et de solitude qui rendent l’explorateur presque fou, le plongent dans un délire de rêve/réalité, mais lui permettent en même temps, dans une posture presque méditative, de prendre conscience de lui-même et de l’environnement qui l’entoure, d’être à l’écoute, plus attentif, plus sensible à la vie. L’idée de la convoitise est très présente, l’explorateur est un homme qui poursuit un rêve fou et dangereux et sa volonté outrepasse grandement sa lucidité. C’est quand il entre réellement en osmose avec la nature que celle-ci lui permet d’assister au spectacle qu’il est venu chercher, c’est un privilège, un cadeau qui lui est offert et qui n’a pas d’autre prix que celui de son attente bienveillante.

J’ai beaucoup apprécié que l’histoire se termine sur une image et pas sur des mots. Au lecteur alors de ressentir, l’émerveillement, la joie, le soulagement, la gratitude de l’explorateur et de se réjouir lui aussi de ce spectacle vivant.

Sarah KAOU

Thèmes explorés : jungle, nature, exploration, attente, impatience, temps, solitude.

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